Des sites de proximité pour une égalité d’accès à l’accompagnement

La Mission Locale du Haut-Périgord (24) a démarré l'expérimentation Garantie Jeunes en janvier 2015 avec l’ambition d’accompagner 80 jeunes vers l’autonomie. Sur ce territoire rural qui s’étend sur un rayon de 120 kilomètres, la Mission Locale a dû s’organiser pour permettre à un maximum de jeunes, quelque soit leur lieu de résidence, d’accéder à cette démarche d’accompagnement. Christine Fraux, directrice, revient sur les modalités d’accueil et d’accompagnement mises en place au sein de sa structure.


Quel est le mode d'organisation pour lequel vous avez opté ?

Comme notre territoire s'étend sur près de 120 kilomètres, nous avons fait le choix d'organiser les premières semaines en collectif sur deux sites : Thiviers, où se trouve le siège de notre structure et Nontron, notre antenne. Les entrées des jeunes en Garantie Jeunes se font toutes les sept semaines, en alternance sur l'un et l'autre site.

Nous avons fait le choix de dédier deux conseillers à temps plein sur l’expérimentation, qui se déplacent d’un site sur l’autre, parfois ensemble. Cela leur permet aussi d’être au contact de l’ensemble de l’équipe.

Les deux conseillers sont les référents des jeunes, qu’ils suivent tout au long de leur année d’accompagnement. Par contre, au fur et à mesure que l’expérimentation avance, les autres professionnels sont de plus en plus mobilisés pour intervenir sur les temps en collectif par exemple.

Aujourd'hui, neuf mois après le démarrage, cette organisation vous semble-t-elle efficace ?

Nous ne regrettons pas ce choix. Si nous avions organisé les temps en collectif sur un seul site, certains jeunes n'auraient pas pu se déplacer pour y participer.

Nous avons aussi constaté qu’il faut être flexible dans notre organisation, sur la manière de gérer les entrées dans le collectif par exemple. Un jeune positionné sur la Garantie Jeunes par un conseiller de l’antenne de Nontron doit pouvoir intégrer le groupe rapidement, sans attendre le démarrage officiel de la session suivante sur cette antenne, qui peut être prévu deux mois plus tard. Si tel était le cas, certains jeunes auraient le temps de se démotiver.

Comment les jeunes qui habitent dans des communes éloignées de Thiviers et Norton font-ils pour se rendre sur le site ?

Quand nous constituons les promotions de 10 ou 11 jeunes en moyenne, nous sommes attentifs à ce qu’un ou deux jeunes aient le permis et soient véhiculés. Nous négocions avec eux qu'ils puissent passer chercher les jeunes qui n’ont pas de moyens de locomotion, en aidant aux frais d’essence pendant le premier mois. Quand cela est possible bien sur, et jusqu'à présent, cela a plutôt bien fonctionné.

Le réseau de transports publics est très peu développé. Les jeunes peuvent profiter des transports scolaires, mais les horaires de passage ne sont pas toujours adaptés et pendant les vacances scolaires, il n’y a pas de ramassage.

Des solutions ont-elles pu être trouvées avec vos partenaires du logement et de l’hébergement pour rapprocher les jeunes de la Mission Locale et du bassin d’emploi de votre territoire ?

Trois jeunes ont pu profiter d'un logement en colocation à Thiviers et Nontron via un partenariat avec un bailleur social. Cette solution est intéressante, mais l’une des difficultés à laquelle nous sommes confrontés est que les jeunes ne sont pas accompagnés au sein de ces logements.

Or une majorité de jeunes aurait besoin de ce type d’accompagnement. Aujourd’hui, ce sont les conseillers de la Mission Locale qui assurent ce rôle et le temps qu’ils peuvent y consacrer est nécessairement limité.

La faible mobilité des jeunes et le fait d’être dans un territoire rural leur permettent-ils de multiplier les expériences professionnelles et d’accéder à l’emploi ?

Nous avons un réseau de TPE dynamique et jusqu'à présent, nous réussissons à faire des propositions variées aux jeunes et qui correspondent à leurs attentes en termes d'immersion. Ce sont des entreprises à proximité de chez eux, lorsqu'ils ne sont pas ou peu mobiles.

Par contre, en terme d’emploi, les opportunités locales restent rares.