Garantie Jeunes dans l’Eure : une étude présente les premiers enseignements

En 2014, les Missions Locales de Haute-Normandie ont souhaité mener une étude sur la mise en œuvre de la Garantie Jeunes dans le département de l’Eure, un des premiers territoires à se lancer dans cette expérimentation. Réalisée par deux sociologues du cabinet ASDO, l’étude que vient de publier l’ARML Haute-Normandie apporte des pistes d’analyse sur les enjeux de la Garantie Jeunes pour les jeunes accompagnés et le travail des Missions Locales. L’originalité de l’étude est notamment la place importante donnée au point de vue des jeunes et à leurs témoignages.


Une enquête par questionnaire complétée par des entretiens

La méthodologie de l’étude comprend une enquête par questionnaire, adressée à plus de 170 jeunes qui ont intégré la démarche au cours des premiers mois de l’expérimentation. Les questions portaient notamment sur leurs attentes et leurs motivations vis-à-vis de l’accompagnement proposé.

Des entretiens en collectif ont également été menés dans les quatre Missions Locales du département afin de recueillir le point de vue des jeunes sur cette démarche et les changements qu’ils avaient pu connaitre dans leur quotidien depuis qu’ils étaient accompagnés en Garantie Jeunes. L’analyse est complétée par des extraits d’entretiens conduits avec les jeunes.

Les attentes des jeunes ne concernent pas seulement l’insertion professionnelle

Parmi les jeunes interrogés, la moitié d’entre eux souhaite « pouvoir trouver un travail plus rapidement » et « mieux préparer leur projet professionnel » à travers l’accompagnement proposé dans le cadre de la Garantie Jeunes. « Les attentes des jeunes ne sont pas exclusivement de l’ordre de l’insertion professionnelle », précise toutefois l’étude.

Une part importante des jeunes attendent en effet que l’accompagnement proposé les aide à « trouver un projet », « acquérir une expérience professionnelle », mais également à « accéder à l’indépendance » ou encore de « sortir de chez soi ».

L’allocation que perçoivent les jeunes n’arrive qu’en quatrième position parmi les motivations citées pour intégrer la démarche. Autrement dit, « la dimension financière ne prime pas. Si l’allocation financière est bien perçue comme une plus-value, c’est l’attente d’un accompagnement renforcé qui fait le plus souvent levier ».

Des pistes de réflexion utiles aux professionnels

Les témoignages des jeunes et les entretiens conduits avec les différentes parties prenantes de cette expérimentation dans l’Eure soulèvent plusieurs pistes de réflexion sur les objectifs de la Garantie Jeunes et les questionnements à avoir en tête lors de la mise en œuvre.

A titre d’exemple, l’étude pose la question de la poursuite de l’accompagnement au-delà des premières semaines en collectif, puis au-delà des 12 mois d’accompagnement. Les jeunes interrogés expliquent en effet se sentir « déboussolés », « revenir aux vieilles habitudes » après une présence quasi journalière au sein de la Mission Locale. Cette difficulté soulève deux questions, souligne l’étude, celle, tout d’abord, de la préparation à l’autonomie : comment outiller les jeunes pour que ce passage soit vécu moins brutalement, mais surtout comment les accompagner pour qu’ils intègrent mieux dès le départ cette finalité d’autonomisation du dispositif ? Elle pose aussi la question du cadre offert pour cette transition, et notamment du cadre collectif.

L’étude souligne également une adhésion de fond des conseillers impliqués aux principes du dispositif, permettant de renouer avec la philosophie de l’approche globale, et se basant sur une dimension partenariale forte.

Lors des journées professionnelles des Missions Locales de Haute-Normandie, organisées fin 2014, un temps de travail a été consacré à la Garantie Jeunes. L’analyse proposée au travers de cette étude a permis d’enrichir les échanges entre les professionnels du département de l’Eure et ceux de la Seine-Maritime, qui ont rejoint l’expérimentation au début de l’année 2015.

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