Le « café conso », pour aborder le budget de manière ludique
Amélie Tournière, conseillère en économie sociale et familiale au Conseil Départemental de l’Eure, anime depuis un an et demi des ateliers en collectif sur le thème du budget auprès des jeunes accompagnés par la Mission Locale de Val de Reuil. Pour cela, elle s’appuie sur le « café conso », atelier qui donne des clés pour mieux gérer son budget.
Dans quel cadre intervenez-vous auprès des jeunes accompagnés par la Mission Locale de Val de Reuil ?
Nos services ont été sollicités par les Missions Locales de l’Eure fin 2013, au moment où la Garantie Jeunes se mettait en place dans notre département, pour intervenir sur la question du budget auprès des jeunes accompagnés.
Ensuite, j’ai rencontré Benoît Minil et Christine Rannou [respectivement chargé de projet et directrice de la Mission Locale Val de Reuil] pour définir ensemble le contenu des ateliers et la fréquence de mes interventions.
Quel est le déroulé des ateliers que vous animez ?
Généralement la durée des ateliers est de deux heures. Je commence toujours par me présenter et expliquer aux jeunes pourquoi je suis ici, mon métier. Puis je leur demande de se présenter à leur tour et de me parler de leur projet en quelques mots. C’est un préalable qui me parait important, cela permet d’engager un premier échange. Ensuite nous faisons un brain storming sur ce que la notion de budget leur évoque. Cela permet de « rentrer » dans le sujet. Dans un troisième temps, en sous-groupes, ils se lancent dans le « café conso ».
En quoi consiste le « café conso » ?
C’est un atelier qui s’appuie sur un support ludique, composé de 200 à 300 pictogrammes sur lesquels sont représentés tous les postes de dépenses et de ressources qu’un foyer peut rencontrer au quotidien. Je propose aux jeunes de se mettre par petits groupes et je leur distribue six scénarios, qui présentent différents contextes familiaux : du point de vue de la composition du foyer (seul, en couple, avec ou sans enfants, etc.), de l’activité et des ressources dont dispose chaque personne qui le compose.
Chaque sous-groupe choisit un scénario à partir duquel il réfléchit aux dépenses qu’ils intégreraient en priorité s’ils étaient dans cette situation. Ils ont le choix parmi de nombreuses dépenses et doivent donc les prioriser.
En quoi cet atelier est-il pertinent et utile pour les jeunes accompagnés ?
Le « café conso » est un support que l’on peut adapter en fonction des publics, c’est sa force. Les situations évoquées ne sont pas déconnectées de ce que vivent les jeunes au quotidien, un des scénarios mentionne l’allocation Garantie Jeunes par exemple. Dans le même temps, chacun peut participer au débat sans avoir besoin d’évoquer sa situation personnelle. A mon sens, c’est même une condition pour permettre les échanges sur une question comme celle du budget, qui est personnelle et peut être un sujet sensible.
Ma posture est également importante : je ne suis pas là pour les juger, j’apporte mes connaissances en répondant aux questions soulevées à travers cette animation et les échanges qui en découlent.
Avec le recul dont vous disposez aujourd’hui, quelle est votre analyse sur le niveau de maîtrise de leur budget par les jeunes accompagnés ?
Je n’étais jamais intervenue auprès d’un public jeune et j’avais quelques a priori avant le premier atelier. J’ai donc été agréablement surprise de constater que la plupart d’entre eux sont bien informés sur tout ce qui concerne les dépenses du quotidien : montant de l’abonnement aux transports en commun, forfait de téléphone, etc. Ils comparent les prix et savent se débrouiller. Souvent ils ont un petit budget et ils ont appris à faire avec le « système D ».
En revanche, ils sont beaucoup moins bien informés sur les montants des loyers, par exemple. Mais c’est assez logique car beaucoup ne sont pas encore concernés par ces questions.
Pour en savoir plus :
Sur le forum, consultez un modèle de tableur pour simuler dépenses, ressources, etc.
