L’accès aux droits des jeunes accompagnés en Garantie Jeunes
Carole Soucaille est responsable de secteur à la Mission Locale de la Mire – Bobigny, Drancy, Blancmesnil. En janvier 2015, elle a été auditionnée par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans le cadre d’un avis sur l’accès aux droits sociaux des jeunes (avis rendu le 25 mars 2015). En sa qualité de coordinatrice de la démarche Garantie Jeunes, elle est revenue sur l’intérêt de cette expérimentation, mais aussi sur les contraintes auxquelles sont confrontés quotidiennement les jeunes dans leurs démarches d’accès aux droits.
Des contraintes administratives qui freinent l’accès à un logement
« 50% des jeunes que nous accompagnons rencontrent des problèmes d’hébergement. Sur notre territoire, dans ce domaine, l’offre est largement inférieure à la demande.
Dans le cadre de la Garantie jeunes, avec l’appui des services de l’Etat et de la préfecture, nous avons amorcé une nouvelle convention de partenariat avec les Foyers de jeunes travailleurs (FJT). C’est une expérimentation qui consiste à réserver une dizaine de places aux jeunes accompagnés en Garantie Jeunes pour sécuriser leur parcours et leur permettre de faire des démarches par ailleurs.
Malgré cela, des difficultés d’ordre administratif bloquent leur accès à ces hébergements. D’abord la déclaration que doivent fournir les jeunes est celle datée de deux années antérieures :
soit le jeune est chez ses parents et il doit donner celle de ses parents. Or, parfois le jeune est en rupture avec ses parents ou alors les parents sont dans l’impossibilité de produire ces documents ;
soit le jeune est autonome, c’est-à-dire qu’il vit en logement individuel, en hôtel. Il peut être aussi sans domicile fixe. Dans ce cas, on fait donc tout un travail pédagogique pour expliquer que c’est une démarche citoyenne de faire sa déclaration et de se déclarer aux finances publiques. Dans le même temps, cela leur permet de récupérer cette fameuse attestation qui est le sésame pour ces places d’hébergement
Quand les jeunes s’engagent dans ces démarches pour obtenir leur propre attestation, cela peut prendre 6 mois. Il y a donc des places réservées dans des FJT qui ne seront pas pourvues. On essaie alors d’obtenir un délai auprès des FJT, une souplesse pour nous laisser le temps d’obtenir ces documents.
On a saisi le chargé de mission du préfet pour qu’il alerte son collègue de la direction des finances publiques afin que cette situation cesse.
La santé n’est pas une priorité pour certains jeunes
Sur les problématiques de santé, on se heurte au fait que pour les jeunes, ce n’est pas la priorité, tout comme les vacances et la culture. Ce qu’ils veulent, c’est un « taf ». Ils ne s’adressent aux professionnels de santé que lorsqu’ils rencontrent de sérieux problèmes.
Certains n’ont pas de droits ouverts, certains ont des droits mais ne sont pas au courant, d’autres ont des droits qui ne sont pas à jour. Certains sont ayants droit des parents. Ca nous prend souvent un temps fou avant de faire la lumière sur ce qui se passe. Pour beaucoup de jeunes, ce n’est pas naturel de se rendre dans une CPAM, de mettre à jour sa carte vitale, de choisir un médecin traitant. »
Pour en savoir plus :
Visionner le film de l'interview de Carole Soucaille par le CESE
Visionner le film de la rencontre avec les jeunes accompagnés en Garantie Jeunes à Bobigny
Visionner le film de la rencontre du CESE avec des professionnels de l’action sociale à Bobigny
Lire l'avis du CESE de 2012 sur l'accès aux droits des jeunes
