"L’essentiel est de favoriser l’information mutuelle et l’interconnaissance"

La Mission Locale du Pays de Brest a mis en place la Garantie Jeunes depuis le démarrage de l’expérimentation, fin 2013. Dès le départ, la directrice a eu pour objectif d’intégrer la démarche dans le projet de l’association afin d’éviter de la déconnecter de l’activité habituelle de la structure. Retour sur l’organisation et l’évolution des outils mis en place.


Sur la photo : Guillaume Roguez, conseiller impliqué dans la démarche Garantie Jeunes, lors d'un atelier collectif.

Vous êtes directrice d’une des premières Missions Locales qui ont mis en place la Garantie jeunes. 18 mois plus tard, comment cette expérimentation trouve sa place au sein de la structure ?

L’essentiel est de favoriser l’information mutuelle et l’interconnaissance. Cela a commencé dès la mise en place de la Garantie Jeunes, en ayant le souci de bien informer les partenaires, autant que les professionnels en interne, sur la manière dont nous voulions travailler (mettre en place la démarche, avancer, créer des actions en fonction de la demande des jeunes, etc.).

Par exemple, au départ, les critères d’orientation des publics ont été assez larges mais il a fallu, bien vite, que chacun puisse comprendre l’importance d’avoir des promotions équilibrées. Un équilibre de genre, d’âge, de domiciliation, d’antennes de rattachement, etc.

Pour que les premières évolutions soient transparentes, nous avons partagé ce constat en interne et en externe, en allant sur des choses concrètes, que tout le monde pouvait s'approprier.

Je ne sens pas de cloisonnement mais un réel besoin d’échange entre les conseillers Garantie Jeunes et les autres professionnels conseillers d’insertion en poste sur les antennes. L’équipe est en demande, chacun a besoin de ressentir comment avance la démarche, et on sent le besoin régulier d’information.

Comment vous êtes-vous organisés pour entretenir cette dynamique ?

En interne, nous proposons aux membres de l’équipe de participer à la deuxième semaine de vie d’un groupe Garantie Jeunes, pour que chacun puisse s’approprier le module 2 sur les «compétences fortes», et mieux en parler aux jeunes qu’ils accompagnent.

Nous suivons des jeunes qui auraient le besoin ou l’envie de rentrer en Garantie Jeunes mais qui se freinent eux-mêmes, qui n’osent pas car ils sont impressionnés par le collectif. Il faut savoir trouver les mots pour leur en parler. Cette immersion est utile pour ça.

De plus, nous avons organisé des références : l’équipe Garantie Jeunes est composée de 11 professionnels, dont 8 conseillers, soit 4 binômes, qui ont chacun en référence un territoire ou le service emploi de la Mission Locale.

Ils interviennent auprès des territoires ou du service à chaque fois que c’est nécessaire. Cela permet de partager l’information «Garantie Jeunes» sur tous les projets du moment.

Vous avez un exemple ?

Une nouvelle action s’est mise en place sur demande de jeunes d’une promotion sur les pratiques sportives. Grâce à cette organisation, tous les professionnels ont pu être informés.

D’ailleurs, pour faciliter ces échanges sur les projets, nous avons mis en place un «agenda des événements», qui reprend les dates et le contenu de tous les collectifs prévus : des petits déjeuners emploi, des visites d’entreprises, des ateliers d’information sur les formations, des interventions internes, les activités sportives, les activités artistiques, etc.

Nous précisons par code couleur ceux qui sont ouverts à tous ou ceux qui sont réservés par exemple à une promotion. Nous sommes en train de l’améliorer et de prévoir son informatisation afin qu’il soit bien partagé.

Comment parvenez-vous à ce que l’équipe Garantie Jeunes puisse avoir du recul sur la démarche et une vision globale ?

Nous avons mis en place des outils internes. Par exemple, un bilan est remis à l’équipe Garantie Jeunes tous les 15 jours, pour que les conseillers aient en tête les données et l’activité en permanence.

C’est un travail alimenté par le siège, qui reprend les éléments d’information globaux sur ce qui a trait à l’insertion professionnelle des jeunes et à leur parcours. Les professionnels y trouvent une information plus concrète, statistique et qualitative, sur le degré de progression des jeunes, avec des exemples positifs, comme le nombre de jeunes qui ont passé leur permis, etc.

Ils ont tous les éléments pour présenter la Garantie Jeunes en interne, ou accompagner la direction et les jeunes dans des interventions auprès de partenaires (entreprises, associations,etc.).

Avez-vous identifié de nouveaux besoins sur lesquels vous n’aviez pas travaillé au démarrage ?

Oui, notamment pour accompagner les jeunes à l’issue des 12 mois de la démarche.

Nous avons commencé à formaliser des outils pour préparer le retour des jeunes vers les conseillers dans les antennes. Il s’agit d’une grille de lecture des parcours de chaque jeune, dans laquelle nous reprenons les attentes du conseiller référent et du jeune en amont de la Garantie Jeunes, c’est-à-dire d’où nous sommes partis, ce que nous avons construit avec le jeune, et ce qu’il reste à construire.

Ce document est complété par le conseiller GJ. Il permet d’orienter les jeunes, soit vers le service emploi, dans le cas où la Garantie jeunes a permis aux jeunes d’évoluer sur leur connaissance des métiers et des emplois, soit vers les antennes, dans le cas où ils ont encore besoin d’un accompagnement plus global.

Ensuite, lors du retour dans les antennes, il arrive que nous organisions des rendez-vous à 3, entre le jeune, le conseiller Garantie jeunes et le conseiller référent, pour faciliter la transition.

Pour en savoir plus :