« J’ai pu me faire un réseau, me confronter au terrain »
Solène Dulout, participante à l’expérimentation Garantie Jeunes. Inscrite en démarche Garantie Jeunes à la Mission Locale Val de Reuil depuis le mois de juillet 2014, Solène Dulout avait été très impliquée dans le collectif de jeunes « Arrêtez de nous mettre dans vos cases ». Elle livre son regard sur l’expérimentation Garantie Jeunes.
« Comment êtes-vous entrée en contact avec le réseau des Missions Locales ?
Par l’action ML Prod à la Mission Locale de Salon de Provence. De manière bénévole dans un premier temps, et ensuite j’ai eu l’opportunité de m’engager dans un Service Civique en lien avec cette action.
Quand je suis arrivée à Val de Reuil, je voulais poursuivre dans le secteur de la communication. Je n’étais pas éligible aux Emplois d’avenir et je connaissais très mal le territoire, je n’avais aucun réseau. Après échange avec ma conseillère, elle m’a proposé la Garantie Jeunes, pour me permettre de ne pas agir dans la précipitation, d’essayer des choses et de me faire un réseau.
Aujourd’hui, avez-vous pu préciser votre projet ?
Oui, j’ai fait plusieurs stages. Le premier à Paris, au service communication d’une entreprise experte SHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). En ce moment je suis en stage à la mairie de Val de Reuil, aussi au service communication. Ensuite j’ai prévu de refaire un stage de deux semaines au théâtre Ephéméride pour réaliser un petit film.
Pour chaque stage, j’ai envisagé les choses sous cet angle : qu’est-ce que je peux apporter à la structure que je vais intégrer ? Ces expériences m’ont permis de me faire un réseau et de me confronter au terrain.
La Garantie Jeunes met beaucoup l’accent sur l’immersion en entreprise, qu’en pensez-vous ?
C’est une bonne chose que l’on nous encourage à aller rencontrer des employeurs, même s’ils ne nous connaissent pas. C’est une liberté que l’on prend ensuite, sans que les conseillers n’aient à nous le dire, c’est un acquis très important.
Quelles sont les autres actions auxquelles vous avez participé et qui vous ont marquée ?
Ce qui est développé en dehors du cadre imposé, pendant tous les temps parallèles, est très intéressant. Par exemple, participer à des ateliers de menuiserie comme on nous le propose à Val de reuil, c’est très stimulant.
Ce qui est plus ou moins imposé dans le programme au départ fait l’objet de pas mal de critiques et d’un certain rejet de la part des jeunes. Mais comme tous les jeunes sont d’accord sur ce point, bizarrement, c’est aussi ce qui nous rassemble et créé une cohésion de groupe.
A la Mission Locale de Val de Reuil, je trouve aussi intéressant qu’il y ait un espace d’accueil avec une chargée d’accueil présente en permanence. Pouvoir venir quand on le souhaite et être accueilli, pouvoir échanger avec d’autres jeunes sur leurs recherches et leurs expériences, ça fait du bien au moral !
Vous avez été impliquée dans le Réseau Jeunes « Arrêtez de nous mettre dans vos cases », la Garantie Jeunes est-elle une case de plus ?
Dans le projet de départ, l’idée c’est bien de partir de la situation du jeune. C’est aux professionnels d’évaluer si les jeunes ont besoin ou non de cet accompagnement. Mais dans la pratique, j’ai l’impression que l’on peut vite définir des critères, donc des cases : on regarde beaucoup la détresse financière, le manque de capacité à s’exprimer par exemple. On remet des cases qui rassurent tout le monde, sans toujours se demander si les critères sont pertinents.
Il y a des jeunes à la Mission Locale qui sont en galère parce qu’ils n’habitent plus chez leurs parents et qu’ils n’arrivent pas encore à le dire à leur conseiller. Ils n’ont plus de boulot ou ils savent que leurs contrats ne vont pas être renouvelés. S’ils pouvaient cumuler Garantie jeunes et APL, ils pourraient garder leur logement et potentiellement ne pas se retrouver à la rue. Je me demande s’il ne devrait pas y avoir un côté préventif aussi dans la Garantie Jeunes.
Est-ce que, finalement, on est obligé d’attendre le pire pour prendre les choses en mains ?
Pensez-vous que les jeunes sont suffisamment associés à la démarche et à son évaluation ?
On pourrait penser que vu le public, on n’a pas suffisamment de réflexion pour prendre du recul et s’autoévaluer. Mais au contraire, à chaque pause, il y a des échanges.
On se pose plein de questions, il y a une vraie entraide et beaucoup d’entre nous ont conscience qu’aujourd’hui on sait faire beaucoup plus de choses qu’auparavant.
Partir de ce qu’en pensent les jeunes qui y participent, ce serait quand même pertinent, non ? »
Pour en savoir plus :
- Sur le Réseau Jeunes "Arrêtez de nous mettre dans vos cases"
