« Nous avons fait du sur-mesure, rapproché les projets des jeunes et des entreprises »

Christelle Peixoto, chargée de projet à la Mission Locale de Thiers. La Mission Locale de Thiers a permis à sept jeunes de découvrir les métiers de l’industrie. Pendant une semaine, ils ont appréhendé concrètement les métiers de la coutellerie, de la plasturgie et de la chaudronnerie. Une action qui a trouvé un écho positif auprès de ces jeunes, qui souhaitent désormais poursuivre dans cette voie et des entreprises et professionnels qui se sont impliqués dans ce projet.


« Comment est née l’idée de cette action autour des métiers de l’industrie ?

Une majorité des jeunes que nous suivons dans le cadre de la Garantie Jeunes souhaite rester dans la région. Dans le même temps, les entreprises du secteur de l’industrie, premier pourvoyeur d’emplois de notre bassin, ne parviennent pas à assurer le renouvellement des salariés qui partent en retraite. Une GPEC territoriale a d’ailleurs été mise en place pour répondre à ces enjeux.

Nous avons donc facilité la mise en relation entre ces deux mondes : les jeunes d’un côté et les entreprises de notre bassin industriel de l’autre. Nous avons ciblé trois secteurs d’activité : la coutellerie, la plasturgie et la chaudronnerie.

Les jeunes connaissaient-ils ces métiers ?

Beaucoup de jeunes ne souhaitent pas travailler dans l’industrie. C’est en partie lié à l’image véhiculée par leurs proches sur les conditions de travail difficiles dans ce secteur. En réalité, l’industrie a évolué et les conditions de travail aussi.

Pouvez-vous revenir sur l’action que vous avez développée autour de la coutellerie ?

L’action s’est déroulée pendant une semaine. Le premier jour, les jeunes ont participé à un chantier d’insertion et sont rentrés très concrètement dans la pratique, en apprenant à fabriquer un couteau. Il s’agissait donc d’une découverte par l’action. Puis ils ont été accompagnés par la confrérie du couteau de Tié pour une visite guidée sur l’histoire de cette industrie dans notre région.

Le deuxième jour, le centre de formation des apprentis coutelier de Thiers les a accueillis afin qu’ils appréhendent davantage le métier de coutelier et les formations existantes dans ce secteur. Il s’agit de l’unique centre de formation dans ce domaine en France. En général, aucun Thiernois ne participe à ces formations et les jeunes formés ne s’installent pas sur Thiers une fois la formation terminée. Il y a donc un vrai besoin de main d’œuvre des entreprises de notre bassin.

Enfin, les jeunes ont passé trois jours en entreprise. Ce format court nous a semblé intéressant : cela a permis aux jeunes de se rendre rapidement compte si le métier les intéressait. De la même manière, cela ne demandait pas un engagement trop important de la part des entreprises.

Pouvez-vous nous dire ce que les jeunes et les entreprises ont retiré de cette expérience singulière ?

A l’issue de la semaine, nous avons fait le bilan avec les jeunes.

Le premier élément qui est ressorti est le changement de regard des jeunes sur leur territoire et l’industrie. La préparation en amont de l’immersion en entreprise leur a aussi permis d’apprendre certains codes et d’acquérir de premières compétences.

Les entreprises ont été satisfaites de constater que certains d’entre eux avaient déjà une connaissance du vocabulaire lié à la pratique de ce métier.

A l’issue de cette semaine de découverte, une majorité des participants a souhaité poursuivre sur ce projet professionnel.

Nous étions fin 2014 et ce n’était pas la période des entrées en formation. Nous nous sommes donc rapprochés de la Région pour la mise en place d’une action spécifique afin que ces jeunes poursuivent le travail sur leur projet professionnel. Cela a pris la forme d’une action d’une durée de trois mois, constituée de deux parcours s de pré-qualification : un premier les préparant à intégrer une formation de coutelier en apprentissage et un second (en polissage) leur permettant d’entrer plus directement sur le marché de l’emploi. L’objectif est qu’ils soient bien préparés à entrer en formation en ayant travaillé et mûri leur projet professionnel.

Comment expliquez-vous que cette action ait connu un tel succès ?

Je pense que la mobilisation des partenaires a été déterminante. Chacun a apporté ses compétences et son regard. Le fait que les entreprises aient réellement joué le jeu est très important. Elles n’ont pas pris un stagiaire pour prendre un stagiaire, mais elles l’ont accueilli. L’ensemble des postes de l’entreprise a été présenté aux jeunes par exemple.

La première action était courte et intense, cela explique aussi en partie cette réussite car cela correspond au rythme des jeunes qui ont participé. Être à leur écoute est donc aussi très important. »