« On touche le public que l’on souhaitait toucher »
Isabelle Melscoët est présidente déléguée de la Mission Locale du Pays de Brest. Elle revient sur l’expérimentation de la Garantie Jeunes : ses effets sur les jeunes accompagnés, mais aussi sur les pratiques professionnelles. Au cours de l’année 2014, sur le Pays de Brest, plus de 400 jeunes ont été accompagnés par la Mission Locale dans le cadre de la Garantie Jeunes.
« Après environ une année d’expérimentation, quel est le bilan que vous faites concernant la Garantie Jeunes ?
C’est une expérimentation qui fonctionne, on touche le public souhaité et on atteint l’objectif qui était fixé, c’est-à-dire de remobiliser le jeune pour lui permettre de s’inscrire dans un projet individuel et de l’intégrer sur le marché de l’emploi.
Comment les partenaires du territoire s’impliquent-ils dans la démarche ?
L’ensemble des prescripteurs convergent vers la démarche et adressent des jeunes à la Mission Locale. Même si une majorité des jeunes est connue de la Mission Locale, cela permet de mobiliser un certain nombre de jeunes qui n’étaient pas connus.
C’est un constat que nous faisons davantage dans les villes que dans les territoires ruraux.
Comment la Garantie Jeunes a-t-elle été intégrée à l’offre d’accompagnement de la Mission Locale ?
Cela a redynamisé l’accompagnement. Pour deux raisons : d’abord la Garantie Jeunes induit une nouvelle façon de travailler, en collectif, que nous avions peu explorée jusqu’ici.
Ensuite, nous avons recruté de nouveaux professionnels, qui apportent de nouvelles réflexions et de nouvelles pratiques.
En quoi les pratiques d’accompagnement en collectif sont-elles pertinentes ?
Lorsque les jeunes terminent le temps en collectif, ils sont très en demande pour poursuivre. Ils souhaitent partager et maintenir ces formes de liens qu’ils ont pu créer. C’est un premier effet induit.
Le collectif est aussi intéressant parce que les informations passent d’un jeune à l’autre. On se rend compte qu’ils ont une meilleure appréhension du monde extérieur, que l’accompagnement en collectif a permis de partager une information qui devient ainsi commune à tous.
Cela demande bien sur d’être évalué, mais il me semble que les jeunes accompagnés ont une meilleure connaissance des politiques publiques, de leurs droits, du bassin d’emploi.
Quels sont les effets que vous observez pour les jeunes accompagnés ?
Les jeunes qui entrent dans la démarche rencontrent des problématiques de mobilité importantes : 90% des jeunes accompagnés n’ont pas le permis, 40% rencontrent des difficultés sur le plan du logement. Certains jeunes sont autonomes mais ne sont pas toujours dans une situation de pouvoir maintenir cette autonomie.
La Garantie Jeunes est une manière de répondre à cela, mais aussi à de nombreuses autres problématiques comme à celle des addictions, en permettant aux jeunes d’accéder à un parcours de soin par exemple. »