« On travaille pour que tous les jeunes aient du boulot, mais les chemins que l’on prend pour y arriver ne sont pas forcément les mêmes »

Laurent Gaillourdet, Directeur de la Mission Locale intercommunale de la Mire - Bobigny, Drancy, Blanc Mesnil. Quatre Missions Locales du département de la Seine Saint-Denis (93) participent à l’expérimentation Garantie Jeunes depuis un an. Sur ce territoire qui comporte un certain nombre de quartiers prioritaires, la Garantie Jeunes permet d’accompagner vers l’emploi un public peu autonome. Laurent Gaillourdet et James July, respectivement directeur et président de la Mission Locale de la Mire reviennent sur cette première année d’expérimentation.


Comment l’offre d’accompagnement de la Mission Locale a-t-elle intégré la Garantie Jeunes ?

L. Gaillourdet :

La Garantie Jeunes est complémentaire à ce que nous proposons et entre dans le projet global de notre territoire. En ce qui concerne nos pratiques professionnelles, nous avions déjà une expérience significative du collectif, notamment sur le travail autour du logement, de la santé, mais aussi pour travailler sur le projet professionnel, l’alternance, ou encore la recherche d’emploi. En revanche nous avons constaté que le niveau d’autonomie des jeunes en Garantie Jeunes est inférieur à ce que l’on connaissait avec d’autres groupes. Certains jeunes ont besoin d’un accompagnement physique plus important pour réaliser leurs démarches par exemple. C’est lié à un ensemble de problématiques sociales qu’ils rencontrent. La conséquence directe de cela, c’est que pour le moment, on ne peut pas leur proposer de participer à d’autres actions ou programmes de la Mission Locale comme on l’avait espéré.

Quels sont les partenaires du territoire impliqués dans l’expérimentation ?

L. Gaillourdet :

La Garantie Jeunes nous a permis de renforcer les partenariats existant : les associations de prévention sont parties prenantes, elles orientent des jeunes notamment. Nous avons également des partenariats en cours de négociation avec les Foyers de jeunes travailleurs pour permettre l’hébergement des jeunes ainsi que des partenariats pour ce qui concerne la mobilité, l’aide au permis de conduire. Nous souhaiterions aussi mettre en place des ateliers et chantiers d’insertion, mais pour le moment c’est difficile avec le temps que nous avons dû consacrer à la mise en place de l’expérimentation.

J. July :

Impliquer les différents partenaires fait particulièrement sens dans le cadre de la Garantie Jeunes. On cherche à résoudre tout ce qui est annexe : les problèmes de logement, de santé qui doivent être traités parallèlement à la problématique de l’emploi.

Comment travaillez-vous avec ces partenaires pour repérer et orienter les jeunes vers la Garantie Jeunes ?

L. Gaillourdet :

Compte tenu du volume prévisionnel de jeunes qui participeront à l’expérimentation - 1001 pour le territoire des quatre Missions Locales de la Mire, Bondy, La Lyr et Montreuil - nous ne pouvions pas étudier tous les dossiers en commission départementale. Nous nous réunissons donc tous les 15 jours au plan local, avec les partenaires pour échanger sur les jeunes orientés vers la Garantie Jeunes.

Comment le secteur économique se mobilise-t-il à vos côtés dans cette expérimentation ?

L. Gaillourdet :

Chaque année, dans le cadre des actions d’orientation professionnelle que nous initions avec la Région, 200 jeunes réalisent des stages dans notre réseau d’entreprises partenaires. Avec les Emplois d’avenir, on a amélioré notre organisation interne sur la dimension emploi. Pour la Garantie Jeunes, nous sommes donc partis de notre réseau d’entreprises. Nous avons aussi signé une convention avec le Fonds d’assurance formation du travail temporaire (FAF.TT) dans le cadre de la réponse à un appel à projets spécifique. FAF.TT va ainsi faire de la présentation métiers et proposer des périodes d’immersion aux jeunes. Nous mobilisons également un réseau de parrains sur chaque groupe.

J. July :

On travaille avec de nombreux partenaires du monde économique. Avec le MEDEF, par exemple, l’objectif est aussi bien la recherche de places en contrat d’apprentissage que des emplois durables pour les jeunes. Il y a une vraie volonté, de part et d’autre, de créer des ponts avec nos partenaires du secteur privé.

Quels sont les effets que vous observez pour les jeunes accompagnés ?

L. Gaillourdet :

Les jeunes qui participent à l’expérimentation ont souvent des parcours de vie difficiles. Avec la Garantie Jeunes, on met en place des éléments de mixité, de solidarité, de volontarisme collectif qui n’étaient pas forcément naturels chez ces jeunes. Il est dommage que ces effets ne soient pas davantage pris en compte, aujourd’hui on s’intéresse surtout au nombre de jeunes en emploi ou en stages en entreprise, etc. On ne mesure pas les compétences sociales alors que les évolutions sont énormes. On travaille pour que tous ces jeunes aient du boulot, mais les chemins que l’on prend pour y arriver ne sont pas forcément les mêmes, pourtant ces compétences sociales acquises par d’autres moyens sont très importantes dans le parcours des jeunes.

J. July :

Il me semble que l’allocation joue un rôle très important, déjà parce qu’elle est assortie d’un certain nombre de devoirs et permet de responsabiliser les jeunes. Elle permet aussi aux personnes de se dégager du temps pour engager des démarches et travailler sur leur projet professionnel.

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