A Châtellerault, dix jeunes créent l’entreprise « Accro chez moi »

Depuis trois ans, la Mission Locale de Châtellerault (86) a renforcé ses actions en direction des publics résidant dans les quartiers relevant de la politique de la ville. A titre d’illustration, les professionnels vont à la rencontre des jeunes et de leurs familles sur les marchés, des cafés jobs sont organisés dans ces quartiers. En 2015, en partenariat l’association Entreprendre pour apprendre (EPA), la Mission Locale a proposé à dix jeunes de créer une mini-entreprise. Pendant huit mois, ils se sont retrouvés régulièrement et ont abouti à la commercialisation d’un sac. Loïc Hug, directeur, revient sur les étapes de ce projet et ses points forts.


Légende de la photo : en octobre 2015, à Bercy, les jeunes de la Mission Locale ont reçu le titre de champion de France du concours national des mini-entreprises Entreprendre pour apprendre.

En quoi consiste l’action « Entreprendre pour apprendre » ?

L’objectif est que les jeunes découvrent le monde de l’entreprise en conditions réelles. Pendant huit mois, collectivement, ils constituent l’équipe d’une entreprise. Ils créent leurs statuts, choisissent l’objectif de leur entreprise et définissent leurs rôles au sein de celle-ci.

Comment le projet est-il né ?

Entreprendre pour apprendre est une fédération nationale d’associations qui interviennent principalement dans les collèges, les lycées et les universités. A Châtellerault, un représentant d'ERDF, partenaire de l'association, nous a proposé de nous engager dans cette aventure.

Au départ, nous avons douté que le projet aboutisse car les jeunes ne sont pas présents en permanence au sein de la Mission Locale comme ils peuvent l’être au sein d’un établissement scolaire. Mais cela s’est rapidement révélé être une fausse difficulté, les jeunes se sont réellement impliqués dans le projet.

Qui sont les jeunes qui se sont impliqués ?

Nous avons ouvert le projet à tous les jeunes accompagnés par la Mission Locale. Dans un premier temps, nous avons organisé une réunion d’information collective pour présenter le projet et les différentes étapes.

Parmi les jeunes qui ont finalement participé, neuf sur dix résident dans un quartier prioritaire et trois d’entre eux vivent dans une famille issue des gens du voyage. Nous avions autant de filles que de garçons.

Comment l’objet de l’entreprise a-t-il été choisi ?

Dès que le groupe a été constitué, nous avons laissé les jeunes réfléchir et échanger ensemble. Cette étape a été très importante car c’est à ce moment-là que, par eux-mêmes, ils ont défini la raison d’être de leur entreprise.

A l’issue des échanges, ils ont décidé de réaliser et de produire un sac pour porter les courses. Ce sont deux jeunes filles, en particulier, qui ont eu cette idée. Au quotidien, elles avaient constaté que les sacs de supermarché, une fois remplis, sont souvent trop lourds pour être portés à bout de bras.

Quelles sont les étapes qui ont mené à la production du sac ?

Le groupe s’est retrouvé une journée par semaine à la Mission Locale. Ils ont défini par eux-mêmes le rôle de chacun d’entre eux au sein de l’entreprise : responsable commercial, responsable production, marketing, etc.

Comme pour toute entreprise, ils lui ont donné un nom, « Accro chez moi » et ont commencé par constituer un capital en recherchant des actionnaires. A l’issue du projet, ils ont fait le choix de reverser les bénéfices de leur entreprise à la banque alimentaire.

Ensuite, ils ont engagé de nombreuses démarches sur le territoire pour concevoir et commercialiser leur produit.

Certains d’entre eux ont réalisé une enquête à la sortie des supermarchés, pour vérifier que le projet correspondait bien aux attendus de la clientèle visée.

D’autres ont démarché des entreprises du territoire pour déterminer les coûts de production du sac et en fixer le prix de vente. Une entreprise a accepté de réalisé une maquette du produit en 3D en carton.

Pour l’un des éléments du sac, il a fallu tester plusieurs matériaux. Les jeunes se sont rendu au lycée Branly qui a accepté de réaliser deux type de anses : une première en plastique imprimée en 3D et une seconde en métal. Compte tenu du coût, ils ont finalement penché pour la barre en métal.

Trois conseillères ont été dédiées à l’action tout au long du projet pour accompagner les jeunes et ERDF, partenaire d’Entreprendre pour apprendre, a également accompagné et parrainé les jeunes.

Quels sont les principaux intérêts du projet ?

Le fait de mettre les jeunes en responsabilité crée une réelle dynamique !

Un des aspects particulièrement intéressants du projet est la rencontre des jeunes avec les élus et représentants de l’Etat de notre territoire. Nous avons organisé un repas avec le Président de la Mission Locale qui est le maire de Châtellerault, le sous-préfet, le directeur régional d’ERDF et les jeunes engagés. Ce moment partagé ensemble a fait tomber les barrières.

Le projet a aussi remporté deux prix : le premier prix du concours régional Entreprendre pour apprendre et le titre de champion de France catégorie « Initiative emploi » du concours national des mini-entreprises Entreprendre pour apprendre. Pour ce dernier, les jeunes ont participé à un salon à Paris fin octobre et ont été auditionnés par un jury composé de chefs d’entreprise. Ils ont du répondre à beaucoup de questions sur le projet et le produit qu’ils ont commercialisé.

Sur les dix jeunes qui ont participé à l’action, on constate un vrai changement. Ce projet leur a donné confiance en eux, ils ont été reconnus auprès d’entrepreneurs et d’élus du territoire et ils se sont investis dans une aventure professionnelle qui leur sera utile dans la suite de leur parcours.

Pour en savoir plus :

Découvrez le site de l'association « Entreprendre pour apprendre »

Consultez la page Facebook de l’entreprise « Accro chez moi