Investir la rue aux côtés des partenaires

Depuis 2010, la Mission Locale Sud Isère porte l’action « Aller vers les publics des quartiers prioritaires d’Echirolles ». En collaboration étroite avec les partenaires de proximité dans ces quartiers, une professionnelle de la Mission Locale favorise l’accès à un parcours d’insertion des jeunes en organisant le maillage du territoire, qui permet de repérer les jeunes sans accompagnement. L’action contribue aussi à prévenir le décrochage scolaire. Trois secteurs de la ville et plus de 100 jeunes sont concernés par cette initiative. Retour avec Isabelle Secundino, conseillère dédiée à l’action, sur l’origine de ce projet, les étapes de sa mise en place et ses résultats.


Légende de la photo : Dans le cadre du temps fort de l’action « Rénove ta ML, Parle-nous d’elle ! », le 17 décembre 2015, la Mission Locale Sud Isère, site d’Echirolles a accueilli le studio radio de News Fm pour l’enregistrement d’une émission spéciale.

Quelles sont les différentes étapes de cette action et comment se décline-t-elle sur le terrain ?

L’action est née d’un constat partagé entre les différents partenaires de proximité dans ces quartiers sur la nécessité d’aller davantage au contact du public.

En octobre 2010, lors de mon arrivée à la Mission Locale où j’ai été spécifiquement recrutée au regard de mon expérience en tant qu’éducatrice spécialisée, j’ai commencé par rencontrer l’ensemble des partenaires du territoire : une association d’éducation spécialisée - l’APASE, le service jeunesse, le service de prévention de la ville, la MJC et les centres sociaux.

L’APASE (association pour la promotion de l’action socio-éducative) a tout de suite été intéressée pour travailler ensemble sur un lieu, une action qui nous permet d’être identifiés par les jeunes dans ces quartiers.

A la Villeneuve d’Echirolles, avec les éducateurs, on a commencé par faire un travail de rue, une fois par semaine. On couvrait tout le secteur. Ce travail de rue était suivi par un temps de permanence dans le local de l’APASE tous les jeudis de 17h à 19h. Nous étions toujours deux professionnels. Nous avons eu une présence marquée pendant trois ans sur ce secteur.

Assez rapidement le Bureau d’information jeunesse a également souhaité que j’assure une permanence dans leurs locaux, deux après-midi par semaine. C’est ainsi que l’action s’est déployée, progressivement, en intervenant avec nos partenaires. Je passais une partie de ma semaine en dehors de la Mission Locale.

Quel est le public avec lequel vous entrez en contact et combien de jeunes sont concernés par l’action ?

Dans les rues, les personnes que l’on croise sont à 90% des garçons. Les filles je les rencontrais plutôt sur les permanences et elles représentent environ 30% du public que l’on a touché à travers cette action.

Ce travail de rue et de permanence dans les quartiers a permis de repérer beaucoup de jeunes. Aller à la Mission Locale, qui est hors du quartier, prendre rendez-vous et attendre parfois plusieurs semaines, pour beaucoup de ces jeunes, ce n’est pas évident.

En 2010, trois mois après le lancement de l’action, j’accompagnais déjà 30 jeunes qui n’étaient pas connus de la Mission Locale auparavant et en 2012, plus de 100 jeunes. Nous sommes toujours sur cet ordre de grandeur en 2016, avec la moitié des jeunes suivis qui est renouvelée chaque année.

Comment le lien avec les autres professionnels de la Mission Locale et l’offre de services dans son ensemble se fait-il ?

Dans un premier temps, j’assurais l’accompagnement des jeunes que je rencontrais sur les quartiers. J’étais donc leur conseiller référent. Je les ai progressivement amenés à se déplacer à la Mission Locale pour me rencontrer ou rencontrer un collègue et ainsi leur permettre de participer à d’autres actions.

Avec le recul, quels sont les facteurs qui ont permis la réussite d’une telle action ?

Cela tient pour beaucoup à l’envie des partenaires de travailler ensemble. Mon expérience en tant qu’éducatrice spécialisée m’a certainement permis de coopérer plus facilement avec les professionnels de l’APASE, d’instaurer une relation de confiance réciproque. Nous étions convaincus de la complémentarité entre nos approches.

Les temps de concertation réguliers organisés avec les partenaires, au minimum une fois par trimestre, ont aussi permis de réajuster l’action au fil du temps, en fonction des enjeux et des observations croisées entre partenaires.

Comment l’action a–t-elle été financée ?

La ville d’Echirolles a fortement soutenu l’action et apporté son soutien financier, ainsi que la métropole, le conseil départemental, l’Etat et le Fonds social européen.

Notre intervention auprès de ces publics ne peut se faire que par une présence sur le long terme dans ces quartiers. C’est un exercice difficile d’assurer une continuité de l’action quand celle-ci dépend de financements qui sont remis en cause chaque année.

Mais ce n’est pas le seul élément. Aujourd’hui, l’action est fragilisée par le changement des équipes chez nos partenaires et les orientations du conseil départemental ont évolué, par exemple. Pourtant, l’action a été retenue pour son exemplarité et présentée au niveau national le 3 juillet dernier au Commissariat général à l’égalité des territoires.

Le 17 décembre 2015, vous avez organisé un temps fort à la Mission Locale et inauguré plusieurs actions et projets auxquels ont participé des jeunes inscrits à la Mission Locale. Quelle a été la place des jeunes que vous accompagnez lors de cette journée ?

L’idée était que les jeunes qui souhaitent participer définissent le contenu de la journée et l’organisent. Deux jeunes ont animé un atelier d’écriture. On a aussi inauguré la fresque qui recouvre une partie de nos locaux et qui a été travaillée avec des jeunes.

De mon côté, en juin et juillet 2015 j’avais enregistré des entretiens avec quatre des jeunes que j’accompagne depuis 2011 : d’où ils viennent, ce qu’ils ont fait et ce à quoi ils aspirent. Lors de la journée, ces jeunes ont participé à une émission radio, qui sera diffusée le 21 janvier de 13h à 14h sur une radio locale, qui est aussi en ligne, News FM.

Cet événement nous a donné envie de poursuivre ce type de projets, on réfléchit à la manière dont on peut utiliser l’outil radio, reproduire ce type d'événements et valoriser le parcours des jeunes que l’on accompagne.

Pour en savoir plus :

Sur le forum Peps, retrouvez la fiche action « Aller vers les publics des quartiers prioritaires d’Echirolles » réalisée par la Mission Locale Sud Isère.

Lire l’appel à contribution thématique lancé sur PEPS sur les projets et actions menés en direction des publics des quartiers prioritaires.

Vous souhaitez partager une action, un projet que vous menez en direction des publics des quartiers prioritaires sur votre territoire ? Partagez votre expérience et vos outils sur le forum PEPS ou contactez nous à contact@peps-missionslocales.info

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