Mixt'tour : combattre les stéréotypes en allant à la rencontre de professionnels
Afin d’élargir les choix professionnels des jeunes qu’elle accompagne, la Mission locale du Pays de Cornouaille (29) et ses partenaires ont construit un parcours d’une durée de trois jours, au cours duquel les jeunes vont découvrir des métiers souvent exercés soit uniquement par des hommes ou soit uniquement par des femmes. Début décembre 2016, le projet a reçu le trophée d'Or des Initiatives dans la catégorie Innovation territoriale, lors du village des initiatives du Fonds social européen organisé à Paris. Hélène Bouthier, conseillère chargée de relations avec les entreprises et référente mixité-égalité, présente l’action Mixt’tour et son rôle sur cette thématique au sein de la Mission Locale.
En quoi consistent les Mixt'tours ?
C’est une action que nous menons deux fois par an. Pendant trois jours, nous sillonnons les routes de notre territoire en minibus avec un groupe d'une dizaine de jeunes : autant de filles que de garçons. Nous allons à la découverte d’entreprises et des professionnels qui exercent des métiers le plus souvent considérés comme réservés aux femmes ou aux hommes.
L’objectif est que les jeunes découvrent ces métiers en visualisant les gestes professionnels et en échangeant directement avec des professionnels sortis des sentiers habituels dans leurs choix de métiers. Nous faisons le pari que les stéréotypes autour de ces métiers peuvent être combattus en permettant de mieux comprendre ce en quoi ils consistent, concrètement.
Quel était le parcours proposé lors du dernier Mixt’tour ?
Fin novembre, nous avons proposé aux jeunes de découvrir les métiers de la construction navale, de la mécanique et de l'agriculture, des secteurs porteurs d’emplois en Cornouaille.
Les jeunes ont visité un chantier naval et ont pu pénétrer dans l'univers de la construction métallique dans des conditions réelles : dans le froid, le vent et le bruit. Ces conditions assez difficiles n’ont pas altéré leur intérêt pour découvrir comment se construisent les bateaux. Après un bon repas pris tous ensemble dans un restaurant traditionnel, une première expérience pour certains jeunes, nous nous sommes rendus dans un centre de formation spécialisé en sellerie marine et voilerie. Les jeunes, garçons et filles, ont eu l'occasion de s’essayer à la réalisation de dessins avec une machine à coudre. Ils ont pu repartir avec leur réalisation, ils étaient fiers !
Le lendemain, place aux ateliers mécaniques du centre des apprentis où ils ont pu changer une roue, vérifier une pression de pneus, essayer de décabosser une voiture, etc.
Pour certains jeunes, ce peut être le début d’une vocation.
Quel est le principal intérêt de cette action ?
Les jeunes découvrent des métiers auxquels ils n’auraient pas pensé et qui sont pourtant aux portes de chez eux et pour lesquels il existe des opportunités d'emploi. Le premier intérêt est donc que les jeunes élargissent leurs choix professionnels. Bien sur, cette action s’intègre à un accompagnement individualisé des jeunes. Les jeunes femmes, en particulier, qui souhaitent travailler ou s'orienter dans des secteurs professionnels traditionnellement masculins, peuvent être accompagnées de manière spécifique.
Rencontrez-vous des difficultés dans la conduite de cette action ?
Certains secteurs tels que l’agriculture attirent peu spontanément les jeunes. Le partenariat avec les entreprises et les centres de formation est essentiel pour que l’action soit attractive et donne envie aux jeunes d’y participer. Nous communiquons directement sur l'action auprès des jeunes via les conseillers. Leur inscription se fait sur la base du volontariat.
Vous êtes référente mixité-égalité au sein de la Mission Locale, en quoi consiste votre action ?
En effet, a minima 20% de mon temps est dédié aux questions de mixité et d’égalité. Je mets en place des actions telles que le Mixt’tour mais j’accompagne également des jeunes femmes qui expriment le souhait d’accéder à des métiers souvent considérés comme masculins pour leur partager des contacts en lien avec leurs choix.
A titre d’exemple, si un de mes collègues reçoit une jeune femme qui veut s’orienter vers les métiers du bâtiment, je vais la recevoir pour lui présenter le secteur, lui faire rencontrer d’autres jeunes femmes qui ont eu cette expérience là. J’ai constitué un réseau de partenaires, entreprises et centres de formation notamment, dans ce domaine.
Comment vos compétences et votre expertise sur ces questions sont-elles partagées au sein de l’équipe ?
Cela fait dix ans que je suis référente de cette question au sein de la structure. Mes collègues ont le réflexe de faire appel à moi dès que ces questions d’orientations sur des métiers plutôt réservés aux femmes ou aux hommes se posent dans l’accompagnement des jeunes.
C’est une problématique que l’on aborde également lors de réunions d’équipes et une à deux fois par an, nous échangeons en équipe sur ces questions avec différents outils, tels le jeu « mixt quizz», qui permet de mettre à jour nos informations.
