Mix’emploi : à la rencontre de professionnelles en entreprise

Quel est l’objectif poursuivi par l’action Mix’emploi ?

L’objectif principal est de permettre à des jeunes femmes que nous accompagnons d’élargir leurs opportunités d’insertion professionnelle en leur faisant découvrir des métiers auxquels elles n’auraient pas pensé parce que ces derniers sont souvent occupés par des hommes.

L’action vise également à répondre aux besoins et projets de recrutements des entreprises de notre bassin d’emploi. Beaucoup de débouchés existent dans le secteur de l’industrie, mais peu de jeunes sont attirés par ce domaine.

Les entreprises souhaitaient que l’on travaille ensemble sur cette question de l’information auprès du public féminin.

Quelle est l’originalité de l’accompagnement que vous avez proposé ?

Notre approche de cette action est globale, et nous abordons les questions de mixité sous tous ses aspects. Nous avons conçu une action sur une durée de six mois, qui alterne des temps d'accompagnement en collectif et en individuel et comporte deux phases principales : les premières semaines visent à permettre aux jeunes femmes de se remobiliser, d’entrer dans une dynamique d’accompagnement puis, par la suite, nous les accompagnons vers la recherche d’emploi ou des formations qualifiantes.

Plusieurs types d’activités sont proposés : visites d’entreprises et rencontres avec des femmes qui exercent des métiers considérés comme plutôt masculins, ateliers d’expression théâtrale pour permettre aux jeunes femmes de prendre confiance en elles, travail sur les connaissances du marché de l’emploi local, etc.

Quel est le profil et le parcours des jeunes femmes qui ont participé à Mix’emploi ?

La plupart était accompagnée par la Mission Locale. Deux jeunes femmes ont été orientées vers l’action suite à l’information que nous avons diffusée auprès du centre intercommunal d’action sociale (CIAS), de la circonscription d’action sociale et de Pôle emploi.

Les seules conditions pour participer à l’action étaient d’être une femme et d’habiter un quartier de L’Aigle.

Deux des participantes sont bénéficiaires du RSA et deux d’entre elles sont mères de famille.

Certaines parmi elles n’avaient aucune expérience professionnelle au démarrage de l’action, mais toutes étaient volontaires pour intégrer une dynamique collective.

Comment avez-vous travaillé avec les entreprises autour de cette action ?

Nous nous sommes rapprochés de l’association des entrepreneurs de L’Aigle et avons organisé plusieurs visites d’entreprises. Au sein de l’entreprise IMV Technologies, spécialisée dans la biotechnologie de la reproduction animale, plusieurs métiers ont été présentés aux jeunes femmes : électricien, magasinier cariste, régleur, dessinateur, etc. Elles ont pu échanger avec des femmes occupant ces postes dans l’entreprise. Les échanges ont porté tout autant sur des aspects techniques liés au métier que sur l’environnement de travail au sein de l’entreprise.

Des femmes exerçant des métiers plutôt masculins sont également intervenues au sein de la Mission Locale pour parler de leur métier et des opportunités d’emploi dans leur secteur. C’est notamment le cas d’une femme ambulancière qui a échangé avec les jeunes sur son expérience en tant que femme évoluant dans un milieu d’hommes.

Des représentants des branches professionnelles de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) et de l’Association régionale des entreprises alimentaires (AREA) sont également intervenus pour présenter les opportunités d’emploi et de formation dans leur secteur.

Quels sont les autres partenaires mobilisés autour de ce projet ?

Les jeunes femmes que nous accompagnons avaient besoin de prendre confiance en elles. Nous leur avons proposé de participer à des ateliers d’expression théâtrale. Elles ont aussi été interviewées dans le cadre du projet de webradio que nous menons au sein de la Mission Locale.

Elles se sont également investies lors de la Semaine nationale de la mobilité organisée sur le territoire à l’initiative de la Mission Locale. Elles ont témoigné de leur participation à Mix’emploi et avaient préparé des questions qu’elles souhaitaient poser aux intervenants lors d’une table-ronde.

Toutes les dimensions de l’accompagnement ont été travaillées avec les jeunes femmes : nous avons abordé la question de la mobilité par exemple, lors de nos déplacements dans les entreprises, ou en nous rendant sur des forums. Autre exemple, la question des droits des femmes a également été abordée à travers l’intervention d’une association de défense des femmes victimes de violence (YSOS en partenariat avec la circonscription d’action sociale).

Quels sont les apports de cette action pour les jeunes femmes ?

Cela leur a permis de se mettre en action, de se remettre en dynamique et pour certaines, d’intégrer un emploi, de travailler la confiance en soi et l’expression également.

Pour les jeunes mamans notamment, ces moments étaient appréciés pour se retrouver en dehors de leur rôle de mère et ainsi tisser du lien avec des personnes extérieures. Certaines mamans par exemple n’avaient jamais fait garder leurs enfants en crèche !

Quelles seront les suites données à Mix’emploi, qui se voulait être une action expérimentale ?

Nous sommes en train d’en réaliser le bilan et de voir comment les partenariats noués avec les entreprises, par exemple, peuvent se poursuivre. De manière très concrète, nous avons envisagé de travailler autour de la semaine de l’industrie avec les entreprises de ce secteur.

Il faudra aussi que nous tirions les enseignements de cette action sur le plan de l’accompagnement des jeunes. Les effets ne se mesurent pas seulement à court terme.

Gwenaëlle, qu’est-ce qui vous a le plus marqué pendant le Mix’emploi ?

J'ai découvert plein de métiers et d’entreprises que je ne connaissais pas.

Même si cela ne m’est pas utile tout de suite, je sais que ça existe. J’ai toujours été hyper timide. Jouer une pièce de théâtre, ça m’aurait paru impossible avant. Mais là j’ai réussi, et ça m’a vraiment débloquée.

Du côté de l’emploi, on a vraiment bien travaillé sur le CV. Avant je n’avais pas toujours de réponses lorsque je déposais un CV, mais là j’ai eu des réponses et même si elles étaient négatives, ce sont déjà des réponses.

Aujourd’hui j’ai décroché un CDD d’un an pour faire des ménages. Je pense que Mix’emploi m’a aidée à prendre confiance en moi, à m’exprimer et à me sentir plus à l’aise en public.

Pour en savoir plus :

Sur le forum PEPS, accéder à la fiche de présentation de l’action Mix'emploi