Représentations et stéréotypes : un « quiz égalité » pour en débattre !
Les représentations sexuées des jeunes peuvent limiter leurs choix d’orientation professionnelle mais aussi leur ouverture à des activités hors cadre professionnel ou scolaire. Vera Defalvard, conseillère référente égalité femmes-hommes à la Mission Locale de l’Orléanais (45) anime depuis plusieurs années un atelier ludique qui est l’occasion de débattre avec les jeunes des stéréotypes de genre qui existent dans différents domaines : sport, citoyenneté, formation ou encore emploi.
En quoi consiste le quizz égalité filles-garçons ?
Il s’agit d’un jeu de société conçu par l’ONISEP qui s’apparente à un jeu de l’oie. Le jeu est composé d’un plateau, de pions et de cartes avec des questions portant sur les étapes qui ont permis aux femmes de se rapprocher de l’égalité de traitement avec les hommes au cours du 20ème siècle.
L’objectif est d’aborder de manière ludique la question des représentations sexuées liées aux métiers et des stéréotypes qui pèsent encore sur les choix d’orientation.
Par équipe, les jeunes s’affrontent en répondant aux questions qui concernent des femmes qui ont marqué l’histoire dans le domaine culturel, sportif, etc. mais aussi aux questions d’actualité et de société sur la place des femmes dans le système scolaire, l’emploi, etc.
Quels sont les jeunes auprès desquels vous menez cette animation ?
J’interviens essentiellement auprès de jeunes accompagnés par la Mission Locale et en formation auprès de partenaires : l’Ecole de la deuxième chance d’Orléans, la maison de l’économie, de l’emploi et de la formation, le centre Via Formation, mais aussi au forum de la diversité organisé une fois par an à Saint Jean-de-Ruelle.
J’interviens également auprès d’un petit groupe de jeunes qui bénéficient d’un accompagnement renforcé à la Mission Locale. En 2015, nous avons animé un atelier par mois en moyenne.
A l’occasion de la journée de la femme, le 8 mars, nous proposons aussi aux jeunes qui se présentent à l’accueil de la Mission Locale de faire une partie. Au démarrage, il y a trois ans, nous proposions des ateliers une fois par mois à la Mission Locale, mais souvent il était difficile de faire venir les jeunes uniquement pour participer à un jeu.
C’est à partir de cette expérience que nous avons travaillé sur une animation d’ateliers auprès de centres de formation partenaires.
Quel est le nombre idéal de jeunes pour l’atelier et comment s’organise l’animation ?
L’idéal, en termes d’animation et de dynamique, est que le groupe soit composé de 10 à 12 jeunes, avec des garçons comme des filles. L’atelier dure trois heures environ et je suis systématiquement accompagnée d’un autre professionnel de la Mission Locale pour l’animation.
Au départ, je m’interrogeais sur la capacité des jeunes à répondre à des questions de culture générale, parfois très éloignées de leurs préoccupations quotidiennes et à « se prendre au jeu ». Mais les règles sont adaptées au profil de notre public : il y a des cartes vrai/faux, des questions à choix multiples. Nous commençons toujours par jouer. Très souvent, les réponses apportées par les jeunes donnent lieu à des échanges entre les participants, qui se poursuivent à l’issue de la partie.
En fait, le jeu est un très bon prétexte au débat : on débat de l’égalité femmes-hommes dans le champ du sport, dans les séries, dans le champ professionnel, en partant à chaque fois du vécu des jeunes et de leur point de vue.
Comment vous assurez-vous que les échanges entre les jeunes soient fluides et le débat constructif ?
Dès le démarrage, il est important de préciser aux jeunes que l’on n’est pas là pour porter un jugement et que chacun est autorisé à exprimer son point de vue. C’est primordial pour permettre le débat.
Certains jeunes garçons, par exemple, peuvent avoir des points de vue assez fermes sur la place de la femme dans la société, il est important qu’ils puissent les exprimer et que les participants s’autorisent à réagir.
Quel est le principal intérêt que vous percevez à animer ce jeu auprès des jeunes ?
C’est à la fois une occasion de leur transmettre du savoir, de parler culture générale, et donc une manière pour eux de s’ouvrir sur autre chose.
Mais c’est également un très bon moyen de leur permettre d’élargir leurs points de vue et leurs choix, voire de rebondir en individuel sur des situations évoquées par les jeunes. Il est arrivé que j’oriente certains jeunes vers les psychologues de la Mission Locale à la suite des situations qu’ils avaient évoquées lors de ces échanges.
Nous prévoyons systématiquement un temps d’échange avec le responsable de la structure pour faire le point sur la manière dont s’est passé l’atelier.
Vous êtes référente droit des femmes au sein de la Mission Locale, en quoi consiste votre rôle ?
Nous sommes deux référentes sur le sujet.
Nous créons des actions pour le public jeunes (ateliers, sortie théâtrale le 8 Mars) mais aussi pour les collègues de la Mission Locale. Sur certaines actions comme l'organisation de ciné-débats ou de conférences, nous convions également nos partenaires.
J’alimente aussi un tableau à l’accueil de la Mission Locale, avec toutes les infos pouvant être utiles aux jeunes et à nos conseillers dans le cadre de l'accompagnement (flyer sur les mariages forcés, numéro de téléphones et dispositifs pour les femmes victimes de violence, etc.)
Si de nouvelles lois sont votées, comme sur le harcèlement sexuel ou encore sur la pénalisation des clients de prostitués, j’en informe mes collègues.
Lorsque des manifestations ont lieu à Orléans comme la journée "Zero Macho", j’en informe mes collègues.
Pour en savoir plus :
Sur le site de l’ONISEP, consultez la fiche action présentant le jeu (objectifs, contenu, modes d’animation, etc.).
