« On est allé rencontrer les jeunes là où ils ont l’habitude de se retrouver »

Depuis trois ans, la Mission Locale Objectif Emploi, à Saint-Denis (93), renforce sa présence dans les quartiers en allant davantage à la rencontre des jeunes, dans les lieux où ils ont l’habitude de passer du temps et se retrouver. Cette proximité est essentielle pour donner ou redonner aux jeunes confiance en la Mission Locale, estime Amy Diallo, chargée de projet, qui est impliquée dans cette action depuis son démarrage, en 2012.


Pourquoi avoir engagé cette action qui consiste à aller à la rencontre des jeunes dans les quartiers ?

Il y a trois ans, à partir d’analyses tirées de notre système d’information, on s’est rendu compte que nous n’avions plus de contact avec une partie des jeunes inscrits à la Mission Locale.

On en a conclu qu’il fallait que l’on échange avec ce public pour comprendre pourquoi.

Comment avez-vous procédé ?

Dans un premier temps, nous avons décidé de nous déplacer dans trois quartiers. Avec l’aide de nos partenaires des antennes jeunesse, des ludothèques, de la prévention spécialisée et des associations de quartiers notamment, nous avons pris le temps d’identifier les lieux fréquentés par les jeunes et leurs familles.

Ce travail partenarial a été essentiel. Sans cela, on n’aurait pas su, par exemple, que les antennes jeunesse étaient aussi fréquentées par les jeunes de 16 à 25 ans, alors que les activités qui y sont proposées s’adressent plutôt aux moins de 18 ans.

Tous les partenaires ont trouvé la démarche pertinente et nous ont accueillis sur différentes tranches horaires, en semaine.

Qu’est-ce que l’action a changé dans vos habitudes de travail ?

Mon emploi du temps a été complètement revu : les matins, j’accueille les jeunes à la Mission Locale sans rendez-vous. Tous les après-midis je suis en déplacement dans un des quartiers : dans les associations, antennes jeunesse, ludothèques, etc. Dans l’un des quartiers, avec une équipe de la prévention spécialisée, on va aussi directement au contact des jeunes qui se retrouvent dehors, dans la rue.

L’action a nécessité d’adapter nos horaires de travail. Certains jours, par exemple, quand je suis sur l’antenne jeunesse, je travaille de 16h à 19h. C’est la condition pour rencontrer les publics que l’on souhaite toucher.

Quelle a été votre approche avec les jeunes ?

A chaque fois, nous avons commencé par écouter ce qu’ils avaient à dire, leurs souhaits, leurs envies. Ils ont exprimé pourquoi ils ne venaient plus à la Mission Locale.

On s’est rendu compte que les jeunes ont une image erronée de notre rôle, de ce que l’on peut leur apporter en tant que conseiller. Ils pensent souvent que le rôle de la Mission Locale est de leur trouver un emploi et uniquement cela. Or, nous sommes d’abord et avant tout là pour les accompagner dans leur projet. Ça passe par l’emploi et souvent les jeunes ont besoin de vivre une ou plusieurs expériences professionnelles, pour accepter de retravailler sur leur projet de manière plus large.

Quel bilan tirez-vous de l’action et quelles sont les perspectives pour 2016 ?

L’action a clairement fait ses preuves, on a renoué avec une partie du public. De trois quartiers couverts, on est passé à sept, dont un quartier supplémentaire à Pierrefitte. Un peu plus de 300 jeunes sont suivis à travers cette action et même si ce n’est pas la seule finalité, on a pu rapprocher un nombre conséquent de jeunes de l’emploi.

L’action nous permet aussi d’avoir une fonction d’observatoire, on suit par exemple l’évolution du climat social dans ces quartiers.

L’an passé, nous avons mis l’accent sur le partenariat et on a lancé de nouvelles actions et projets en commun avec nos partenaires. Cette année, l’enjeu est que la démarche soit davantage partagée au sein de l’équipe et que d’autres professionnels puissent se rendre dans les structures partenaires implantées dans ces quartiers.

Comment l’action est-elle financée ?

Nous avons diverses sources de financement, que nous renouvelons chaque année, parmi lesquelles les fonds de la politique de la ville.