« Les jeunes se rendent compte qu’ils peuvent faire des choix pour leur avenir »

Afin d'élargir les choix professionnels et multiplier les opportunités d’engagement des jeunes, la Mission Locale de la Creuse (23) travaille de manière rapprochée avec les acteurs du champ de l’économie sociale et solidaire sur son territoire. Ces expériences auxquelles participent les jeunes, principalement dans des associations, sont des occasions d’échanger avec eux sur leur rapport au travail et ont souvent pour effet de changer leurs perspectives d’avenir. Retour avec Nathalie Andrivon, chargée de projet, sur les partenariats noués par la Mission Locale avec ces acteurs de l’économie sociale et solidaire.


Comment définissez-vous l’Economie sociale et solidaire ?

Nous avons une définition assez large, qui englobe toutes les structures partenaires avec lesquelles nous travaillons qui ont d’autres motivations que celles de générer des profits. Nous nous plaçons donc sur le plan des valeurs et de la finalité que poursuivent ces structures.

De manière plus concrète, sur notre territoire et pour notre action avec les jeunes, l’économie sociale et solidaire regroupe surtout des associations, qui ont envie de créer des opportunités pour les jeunes, de s’engager ou de travailler sur des projets qui ont du sens, parce que les personnes qui y participent partagent l'objectif poursuivi.

Quels sont ces partenaires et autour de quels projets collaborez-vous ?

Les partenaires sont divers et variés : sur le plateau de Millevaches, par exemple, qui est un espace naturel exceptionnel qui s’étend sur plusieurs départements du Limousin, de nombreuses associations agissent dans le champ de l'ESS. Il s'agit d'un lieu d'expérimentations très riches. Souvent, ces associations proposent des modalités d’hébergement à moindre coût et les jeunes peuvent travailler ou s’engager bénévolement pour des projets qui ont du sens et qui ne nécessitent pas de quitter le territoire.

Une autre association, VASI jeunes (Valorisation, Appui, Soutien aux Initiatives Jeunes) propose des animations périscolaires, des mini-camps, accueille des groupes de jeunes, etc. Des jeunes que nous accompagnons participent régulièrement à des ateliers de fabrication de jus de pomme par exemple : de la récolte des pommes, à la pression du jus à l’aide de pressoirs traditionnels, jusqu’à la mise en bouteille, la stérilisation et enfin l’étiquetage.

Nous avons également des partenariats sur des projets plus ponctuels, tels que la participation à des chantiers d’été, à l’organisation d’un festival, etc.

Comment mobilisez-vous les jeunes accompagnés par la Mission Locale sur de telles actions ?

Nous proposons ces actions à tous les jeunes que nous accompagnons, mais notre rôle est de savoir amener les jeunes qui nous semblent avoir le plus besoin de ces actions et qui n’y pensent pas spontanément, à y participer.

Certains jeunes, qui sont très inhibés et ont baissé les bras dans leur recherche d’emploi, se trouvent dans des situations compliquées au plan social. C’est à nous, professionnels, de les embarquer dans ce type de projet, qui peut leur permette de reprendre confiance en eux, en rencontrant d’autres jeunes et des adultes qui ont fait le choix de s’engager dans des projets qui font sens pour eux et qui démontrent que l’on a toujours le choix.

Vous touchez là à la question du sens dans le travail et du pouvoir d’agir des personnes…

Oui, et c’est au cœur de notre travail ! Dans un territoire comme le nôtre, qui est très rural, il n’est pas rare que les jeunes que nous accompagnons aient la sensation de ne pas avoir de perspectives quant à leur avenir professionnel et leur vie personnelle. Ils ont l’impression qu’ils n’auront pas d’autres choix que d’occuper des emplois précaires.

Notre rôle est d’abord de leur donner les moyens de changer leur regard sur ces aspects et de les convaincre que même dans un territoire comme le nôtre, ils ont le choix et que cela se passe avant tout dans leur tête.

On ne nie pas les difficultés qu’ils rencontrent liées à la mobilité, au peu de qualification et au manque d’opportunités sur notre territoire, mais cela ne doit pas empêcher les jeunes d’être acteurs de leur devenir.

Est-ce que cela donne lieu à des échanges avec les jeunes ?

Bien sûr, ces expériences, auxquelles les professionnels participent avec eux, sont souvent l’occasion d’engager des discussions que nous n’aurions pas eues dans le cadre d’un entretien dans un bureau de la Mission Locale.

Ces discussions émergent souvent de manière improvisée et peuvent concerner des sujets personnels ou intimes, ce sont autant d’occasions pour nous professionnels de mieux les connaître et de mieux appréhender leurs attentes.

Pour en savoir plus :

Vous souhaitez partager une action ou un projet que vous menez dans le champ de l’Economie sociale et solidaire, participez à l’appel à contributions