« Accompagner les jeunes comme les entreprises, c’est le rôle des Missions Locales »
Maëlle Gillot, chargée de projet Emploi à la Mission Locale du Pays de Cornouaille (29) anime des sessions de formation à destination de professionnels de Missions Locales sur le thème de la médiation vers et dans l’entreprise. Avec 25 autres professionnels, elle fait partie du réseau des « démultiplicateurs », qui s’est mis en place quelques mois après le lancement de la Garantie jeunes, en 2013. En trois ans, avec l’appui d’AMILOR (Association des Missions Locales de Lorraine), qui porte l’ingénierie de la formation, ce réseau de professionnels a animé 120 sessions de formation, auprès de 1400 salariés de Missions Locales. Maëlle Gillot revient sur le contenu et la philosophie de cette formation de pairs à pairs.
Pouvez-vous revenir en quelques mots sur votre parcours professionnel ?
J’ai travaillé plusieurs années dans le secteur du travail temporaire avant d'arriver à la Mission Locale du Pays de Cornouaille, en juillet 2007, dans le cadre d’un remplacement temporaire. L’expérience s’est prolongée et en 2009, je suis devenue référente emploi, puis chargée de projet en 2017.
Comment avez-vous eu connaissance de la constitution d'un réseau de démultiplicateurs ?
Dès 2013, la Mission Locale du Pays de Cornouaille et l'ensemble du département du Finistère a mis en place la Garantie jeunes de manière expérimentale. En 2014, Roselyne Gueguen, directrice de la Mission Locale, m’a informée qu’un module portant sur la médiation vers et dans l’entreprise était en cours d’élaboration par la DGEFP. Elle m'a proposé de me rendre à Paris pour tester ce module de formation et contribuer à l’améliorer. J’aime le changement et j’ai besoin d’innover, j’ai donc rapidement accepté la proposition.
Ma direction avait posé une condition : qu’à mon retour, je partage avec l'équipe de la Mission Locale ce que j'aurais appris lors de cette formation. C'est d'ailleurs un principe généralisé au sein de la structure : lorsqu’un professionnel participe à une formation, il s'engage à transmettre ce qu’il a appris auprès de l’équipe ensuite.
Quel est le processus pour devenir démultiplicateur et y a-t-il des conditions à remplir ?
En 2015, la DGEFP est revenue vers ma directrice pour que je participe à la formation de futurs démultiplicateurs dans le réseau.
Avec le soutien de ma direction, j'ai postulé auprès d'AMILOR , chargé de l'ingénierie et de l'organisation de la formation, au travers d'un dossier où je devais détailler mon parcours professionnel, le poste que j'occupais, mes motivations et la manière dont j'envisageais de démultiplier. La direction de la structure devait également apporter un éclairage et un avis sur ma candidature. Ce processus a été important, il m’a permis de réfléchir posément à mes motivations.
Une des conditions pour devenir démultiplicateur dans le cadre de ce module, est de travailler au contact des entreprises dans le cadre de ses missions. En revanche, il n’est pas nécessaire d’être directement impliqué dans la Garantie jeunes.
Pouvez-vous présenter brièvement le module de formation que vous animez ?
De mon point de vue, il s'agit d'abord de transmettre une philosophie de l’accompagnement en Mission Locale et plus particulièrement, du rôle que joue la Mission Locale auprès des jeunes et des entreprises et de la manière dont nous pouvons accompagner autant l’un que l’autre, avec un objectif : faciliter l’intégration des jeunes que nous accompagnons sur le marché du travail.
Pour cela, il s'agit d'appuyer l'entreprise dans toutes les étapes clés que sont l'accueil du jeune, son intégration et la sécurisation de son parcours. Autrement dit, le module est centré sur la collaboration naissante entre l’employeur et le jeune. La formation n'est donc pas spécifique à l'accompagnement proposé dans la cadre de la Garantie jeunes.
Concrètement, nous travaillons sur l’appui de la Mission Locale au recrutement dans les TPE et les PME, par exemple, à travers le soutien dans la rédaction d'une fiche de poste ou l'organisation d'entretiens de recrutement.
Le concept d'« employeurabilité » mis en avant dans le rapport Borello (lire l’article dédié au rapport sur le site de l’UNML) traduit bien cette philosophie et la manière dont nous abordons le rôle des entreprises dans le cadre de ce module de formation.
Qui sont les professionnels qui participent à la formation ?
Des conseillers Garantie jeunes, majoritairement, bien que cela ne soit pas une condition. Certains professionnels qui participent à la formation ont déjà une expérience significative de la collaboration avec les entreprises. Dans ce cas, ils vont davantage être dans une posture de partage et de transmission de leur expérience auprès du groupe.
Comment la formation se décline-t-elle dans son contenu et quelle est l’approche pédagogique que vous mettez en œuvre ?
Le module se déroule sur une semaine et est composé de 5 séquences : l'intermédiation-médiation (1), les PMSMP (2), les clés pour développer une action de proximité avec les entreprises (3-4) et enfin, les fondamentaux en droit social (5). Les séquences sont conçues de manière ludique et peuvent être adaptées, selon les besoins du groupe. Cela exige que le démultiplicateur soit dans une posture d’écoute active des participants, de leurs besoins et de leurs envies.
L'objectif de la formation est que les professionnels se rassurent sur leurs pratiques. Au plan pédagogique, je pars du principe que l’échange de pratiques est essentiel. Même quand on exerce dans le réseau depuis longtemps, on a toujours à apprendre des autres, moi la première d'ailleurs ! Ensuite je m’appuie beaucoup sur le groupe. Je vais proposer aux professionnels qui ont davantage d’expérience d’être dans une posture de partage et de transmission au reste du groupe.
Les participants à la formation ont-ils des échanges entre eux à l’issue de la semaine et restez-vous également en contact avec eux pour votre part ?
Je fais en sorte que les coordonnées de tous les participants soient partagées afin qu’ils puissent continuer d’échanger à l’issue de la formation.
Je leur transmets également les miennes et je leur remets des documents supports sur lesquels nous nous sommes appuyés lors de la formation et qu’ils peuvent réutiliser avec leur équipe. Cela m’arrive effectivement de rester en contact avec des professionnels du réseau à l’issue d’une session de formation. C’est un effet collatéral plutôt positif, qui contribue à faire vivre le réseau de professionnels des Missions Locales.
Pour en savoir plus :
Sur les principes et le fonctionnement de la formation Garantie jeunes, lire l’interview de Véronique Genet, directrice d’Amilor, qui porte l’ingénierie de la formation.
Dans la prochaine newsletter, retrouvez l'interview de salariés du réseau ayant participé à la formation.
